1939-1945 à la ferme du château de Goudourville : une rencontre émouvante avec Michel Vidaillan
- Geneviève
- 30 mai
- 2 min de lecture
Récemment, nous avons eu l’honneur d’accueillir Michel Vidaillan, dont l’histoire personnelle est intimement liée au Château de Goudourville.
Enfant durant la Seconde Guerre mondiale, Michel a passé les premières années de sa vie à la ferme du château, où ses parents, Marie-Rose et Clément Vidaillan, travaillaient en tant que métayers. Ils y ont élevé leurs cinq enfants. Michel, né en 1939 et troisième de la fratrie, est aujourd’hui le seul encore en vie. La famille a vécu à la ferme du château jusqu’en 1942-1943, avant de s’installer à la ferme du Féraud, toujours à Goudourville.
Durant ces années, les Vidaillan ont fait preuve d’un courage exceptionnel en cachant plusieurs personnes juives, d’abord à la ferme du château, puis à celle du Féraud. Leur bravoure a été remarquée : ils sont désormais reconnus comme « Justes parmi les Nations ».
La famille Vidaillan devant la ferme Michel Vidaillan et sa femme Evelyne devant la ferme du château avec Geneviève,
propriétaire du Château de Goudourville
Des actes de bravoure dans l’ombre de la guerre
À la ferme du château, deux jeunes juifs furent protégés par la famille : un garçon prénommé Mathis et une jeune fille, tous deux intégrés à la vie quotidienne et aux travaux agricoles. Plus tard, à la ferme du Féraud, un autre jeune homme, Joseph Brenig, fut lui aussi accueilli.
Joseph Brenig, interné avec son père au camp des Milles, avait fui la veille d’un convoi vers les camps de la mort. Sa mère et son frère, restés à Marseille, furent déportés à Auschwitz, d’où ils ne revinrent jamais. Après plusieurs semaines de clandestinité à Marseille, Joseph parvient à rejoindre les Vidaillan, qui le présentèrent comme un ouvrier agricole. Pour protéger leur hôte et leur famille, même les enfants ignoraient sa véritable identité.
Michel se souvient particulièrement d’un épisode marquant : une quinzaine de soldats allemands vinrent s’installer brièvement à la ferme du Féraud, dormant dans la grange et se ravitaillant sur place. Joseph, alors en danger, se cacha dans sa chambre avant de disparaître définitivement le lendemain.
Quand les routes se croisent après la guerre
Le 19 août 1944, jour de la Libération de Valence d’Agen, Clément Vidaillan, partisan communiste engagé, emmène ses enfants sur le porte-bagages de son vélo jusqu’à la place centrale. Là, Michel aperçut Joseph dans le cortège de la Libération, une image restée gravée dans sa mémoire, tout comme celle des charrettes transportant les femmes tondues, accusées de collaboration.
Joseph Brenig part ensuite refaire sa vie à New York. En 2004, le destin les réunit de façon inattendue. Lors d’une conférence sur la Shoah organisée à New York, Joseph entend une conversation en français évoquant un château près de Valence d’Agen. Intrigué, il se joint à l’échange et partage ses coordonnées. Ce hasard extraordinaire permit à Michel et Joseph de se revoir, plus de soixante ans après les faits, lors d’une commémoration du 8 mai en France.
Un témoignage précieux sur 1939-1945 au château de Goudourville
Accueillir Michel Vidaillan et son épouse au Château de Goudourville, près de 80 ans après ces événements, fut un moment profondément émouvant. Leur visite nous a permis de revivre une page de l’histoire locale et de rendre hommage à une famille dont le courage, l’humanité et la discrétion ont sauvé des vies.









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